Victoria Bodevin

à propos

RACONTE-MOI !

 
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Entretiens réalisés pour la création de ce site Web.  

Victoria, lorsque je t’ai demandé quelles étaient les compétences qui te paraissent importantes pour toi en tant qu’architecte, tu m’as répondu : «écouter, explorer et
découvrir». Peux-tu m’en dire un peu plus ?
Nous, architectes, devons être à l’écoute des gens, de l’histoire et du paysage. Une réponse pertinente est l’aboutissement d’une écoute, d’une perception et d’un ressenti. Je n’aime rien moins que les constructions dont on dit « Cette construction est une construction telle que la conçoit l’architecte XY ».



L’un de tes violons d’Ingres est la conception et l’agencement de restaurants. Qu’est-ce qui t’intéresse particulièrement dans ce type de projets ?
Cuisiner et partager des repas est un rituel immuable pour l’être humain. J’aime aménager des espaces à la fois publics et privés qui ont un caractère. Ces espaces sont fonctionnels et agencés pour accueillir les clients dans un cadre apaisant. Ils racontent l’histoire et l’identité de la marque et du lieu. J’ai participé (en tant que collaboratrice du bureau d’architecture YKRA à Genève) à la transformation d’une brasserie à Lausanne. L’objectif était de repenser l’espace de rencontre avec l’équipe de conception visuelle et de marketing et de lui redonner un nouvel élan.



Le cœur de ton activité consiste à rénover et adapter des bâtiments anciens avec beaucoup de prudence et de délicatesse. Qu’est-ce qui t’attire dans ce travail ?
Travailler sur d’anciens bâtiments est passionnant. C’est ce que je suis en train de faire dans le cadre de la rénovation d’un chalet du XVIIIe siècle à Zinal qui était la première auberge de ce hameau de haute montagne. Le chalet est riche en histoires et en anecdotes. Travailler sur de l’ancien nous oblige à explorer son passé et à comprendre comment les différents problèmes ont été résolus. De nombreux détails artisanaux reflètent la manière de vivre des époques que le chalet a traversées. Chaque époque a son propre vocabulaire. Transformer l’existant consiste à y intégrer les exigences de notre temps et à trouver de nouvelles solutions. « La sobriété est la clef du succès ».


Quels vont être les domaines d’activité importants pour les architectes ces 10 prochaines années ?
Selon les principes de l’aménagement du territoire, les constructions se concentreront dans les territoires déjà bâtis et urbanisés afin de protéger le paysage et les terres non construites. Je pense donc que les architectes doivent contribuer à cette utilisation plus judicieuse du sol. Cela signifie utiliser les petites surfaces encore constructibles et rénover le bâti.

À une époque où tout va de plus en plus vite et où les villes vivent à un rythme effréné, les havres de paix au milieu de la nature sont un luxe. L’assainissement et la rénovation du patrimoine architectural suisse pour le tourisme représentent un domaine de travail aussi vaste qu’intéressant. Dans ce contexte, il s’agit pour moi de révéler l’histoire d’un lieu et sa beauté.

Et pour terminer, grâce à mes nombreux voyages et les différents pays dans lesquels j’ai vécu j’ai pris conscience de l’importance de l’architecture comme outil d’amélioration des conditions de logements et de vie. Développer et améliorer l’habitat existant est une tâche urgente.



Lors de nos entretiens, tu as souvent employé le mot « humilité ». Qu’entends-tu par là ?
Le terme « humilité » signifie pour moi, en tant qu’architecte, ne pas me mettre en avant. J’avance pas à pas : écouter les besoins du client, m’imprégner du lieu, l’explorer et le comprendre, me familiariser avec sa topographie et ses composantes historiques. Ensuite seulement, je commence à créer le projet. Mon objectif est de toujours faire en sorte que nature et architecture s’entremêlent et se rejoignent pour donner vie à un espace chaleureux et convivial où les gens se sentent bien.